
Quand Noël nous fait réfléchir sur les naissances
Mar 12, 2025En ce mois de décembre, alors que les crèches fleurissent sous les sapins, je me rappelle chaque année que le monde entier célèbre l'enfantement libre le plus connu de l'Histoire.

Et pourtant, les personnes qui décident aujourd'hui de vivre l'enfantement libre dans l'intimité de leur foyer se heurtent à une hostilité viscérale. Les réactions sont souvent violentes, accusatrices : on va jusqu'à remettre en question leur capacité parentale et leur santé mentale !
J'ai envie de vous inviter à explorer ce paradoxe qui en dit long sur notre société.
Il existe deux visions radicalement différentes de l'enfantement.
Et mettons de suite les choses au clair : non, ces visions ne sont PAS complémentaires - elles révèlent deux rapports au monde qui s'opposent fondamentalement.
D'un côté, l'approche biomédicale. Elle est technocratique. Elle vient tout droit d'une culture patriarcale et capitaliste. Pour elle, le corps est une machine à optimiser. La nature est une force à maîtriser.
Cette vision obsédée par le risque domine nos systèmes de santé depuis à peine trois siècles. Elle produit une SURmédicalisation qui, contrairement aux idées reçues, ne sert pas les personnes qui enfantent.
Elle transforme l'accouchement en une succession de risques à prévenir, au lieu d'une force naturelle à accompagner. ️
C'est d'ailleurs exactement la même logique qui exploite nos ressources naturelles :
- On détruit des écosystèmes entiers au nom du "progrès".
- On bétonne des zones humides "pour mieux gérer les inondations".
- On déforeste "pour mieux cultiver".
Toujours cette idée que la technique doit dominer la nature !
Que la technique est nécessairement synonyme de progrès social.
Mais où est le progrès social quand des mouvements citoyens pour l'humanisation des naissances deviennent nécessaires pour défendre notre droit d'enfanter dans le respect de notre intégrité ?
De l'autre côté, il existe une approche qui voit l'enfantement comme un événement physiologique à respecter. Cette vision s'enracine dans une compréhension profonde : nos corps, comme la nature, ont une intelligence qui leur est propre. Il ne s'agit pas de rejeter la modernité, mais de retrouver ce lien sacré avec le vivant. C'est le projet écoféministe.
C'est d'ailleurs pour approfondir cette compréhension que j'ai conçu un atelier en janvier prochain : "Démystifier la naissance pour retrouver la confiance". En explorant ensemble les mécanismes fascinants de la physiologie de l'accouchement, nous poserons les bases pour reprendre du pouvoir sur notre expérience d'enfantement.
Et les sociétés matriarcales nous prouvent que cette voie est possible. Attention : contrairement à ce qu'on veut nous faire croire, ces sociétés ne sont pas le miroir inversé du patriarcat !
Elles ne remplacent pas la domination masculine par une domination féminine. Au contraire, elles créent l'équilibre et le respect mutuel. Les violences y sont quasi inexistantes. Non pas parce que les femmes dominent, mais parce que personne ne domine.
Pour résumer :
- La vision biomédicale dominante travaille SUR la nature et la physiologie pour les contrôler.
- La vision (ré)émergente écoféministe travaille AVEC les forces naturelles, dans la confiance et le respect des rythmes.
Comprends-tu maintenant pourquoi tout débat sur l'autonomie dans l'enfantement touche des cordes si sensibles ?
Qu'il s'agisse d'enfantement libre ou d'empowerment à l'hôpital, toute remise en question du contrôle médical ébranle le paradigme dominant.
Il ne s'agit pas de simples préférences personnelles, mais de notre rapport fondamental au vivant, à nos corps, à la nature.
Face aux défis écologiques majeurs, cette réflexion devient cruciale.
=> Comment construire une relation harmonieuse avec notre environnement si nous ne parvenons pas à faire confiance à l'intelligence de nos corps ?
Il est temps de repenser en profondeur notre système de naissance. Le paradigme médical actuel montre ses limites.
Tu le sais j'adhère clairement à la vision basée sur la confiance. Cette approche ne rejette pas du tout la médicalisation - elle la veut proportionnée et surtout surtout respectueuses des décisions des personnes qui enfantent.
Je ne suis pas là pour prescrire une façon d'enfanter. Au contraire, je crois profondément que c'est dans l'intelligence collective que nous trouverons les clés du changement.
C'est pourquoi je nous invite à réfléchir ensemble :
- Le respect du vivant devrait-il être au cœur de nos systèmes ?
- Comment, dans un paradigme dominant technocratique, pouvons-nous préserver notre confiance et nous réapproprier nos expériences d'enfantement ?
L'enjeu n'est pas de choisir un camp.
C'est de créer collectivement un nouveau paradigme qui permet à toustes de vivre en harmonie.
Un paradigme où la confiance remplace la peur, où le respect remplace le contrôle, où l'équilibre remplace la domination.
Et toi, que t'inspire cette vision d'un enfantement respecté, dans une société d'équilibre ?
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